Aurélie GODARD, Perrine LACROIX, Paul RAGUENES, Ludovic SAUVAGE
MP SESSION 1 FANTASTIK

du 18 avril au 16 mai 2015

FANTASTIK

« Puis je prends le Fantastik sur une chiffonnette Essuie-Tout. Il y a des jaune et blanc, des turquoise et blanc, et des rose et blanc. Je prends les jaune et blanc. Cette année tout est vert et blanc et jaune et blanc. Pas citron, simplement jaune, je ne sais pas pourquoi. Je me mets donc un peu de Fantastik sur la chiffonnette et je la passe entre les touches avec un bâtonnet pour être sûre que les parties blanches entre les touches noires sont propres. Les gens qui ont un piano devraient bien en faire autant. Il faut faire attention de ne pas laisser le Fantastik couler là où il y a les touches parce que cela abîmerait les entrailles de la machine. Et puis je m’assure que les prises sont propres — mais je vérifie d’abord que c’est débranché pour ne pas recevoir de décharge. Les fils électriques blancs se salissent beaucoup. Quand j’en ai un qui paraît trop sale, je le retire et j’écris sur un petit bloc de papier blanc – “ nouveau fil électrique 15 cm. ” Et puis je m’attaque aux tiroirs du bureau. J’ai plein de cassettes dans le tiroir du haut, et il faut que je m’assure que mes cassettes sont toutes en ordre. J’en sors toute une pile et je la pose sur un journal. Puis je vaporise du Fantastik dans l’espace libéré, et j’essuie avec une chiffonnette. Ensuite, j’époussette et j’essuie chaque cassette avec un petit morceau de Windex qui convient à leur emballages de plastique. Je ne défais jamais les piles et je ne change jamais l’ordre, pile par pile, date par date. Et puis souvent cela me distrait, parce que je vois une bande et je me dit : “ Oh, mon dieu, cette personne-là est morte, je devrais bien l’écouter une minute. ” Alors j’expédie rapidement ce ménage-là. » Andy Warhol, extrait de L’étincellement in Ma philosophie de A à B et vice versa.

A travers cette dérive, je parcours la blancheur de cimaises imaginaires. L’idée d’une déclinaison me vient, mais d’abord comme quelque chose qui se confond avec la réalité, comme une illusion. De fait, il s’agit de ne pas penser une catégorie ou un système sur le même plan. Mais plutôt à des éléments agencés s’imbriquant avec l’automatisme de plusieurs recherches simultanées, objectivement et de façon irrésolue.

Certains éléments réflexifs et sans proximité me trottaient dans la tête sous la forme d’interrogations éparses. Un cadre importé, une analyse imposée, un retour mal assuré. Le jugement de goût, bien qu’il n’est rien de logique, se rapporterait à l’évidence du cadre. Je me laissais bercer par un sentiment improbable, sans la révélation d’une seule image quant à ces quelques apparitions arbitraires. Je percevais des nuances mais juste au fond, dans le vide occasionné par ma structure.

Dans une traduction par trop littérale que je me faisais, le modèle de la représentation différait encore ; sa contraction dans le temps, son efficacité à parachever une forme à l’intérieur d’une autre forme. Tout cela me posait un problème, toujours le même : Trouver une version puis l’oublier, tout du moins en rester là. Par la suite, je l’ai perçu autrement, c’est alors seulement que des espaces se sont présentés. Sur un plan oblique tout est dissocié. Un écart irrémédiable c’est le point commun sans équivoque, c’est ailleurs.

Guillaume Louot, 2015

L’exposition fait suite à une proposition de Guillaume Louot MP. 
Réalisée avec le soutien de AGP Lyon. 
guillaumelouot.blogspot.fr
aureliegodard.com
perrinelacroix.com
paulraguenes.com
ludovicsauvage.fr