Naomi Maury, Ghost member, 2021 Vidéo couleur, 17 min 46s © Naomi Maury

Naomi MAURY
Ghost Member: Prosthesis/Symbiosis as a Shelter

Exposition du 11 septembre au 13 octobre 2021
L’exposition est organisée en partenariat avec l’association Artistes en résidence, résidences d’artistes Clermont-Ferrand.

« Les installations sensorielles immersives de Naomi Maury s’attachent à interconnecter des éléments de factures diverses. S’y mêlent matières organiques et plastiques, métaux et végétaux, éléments technologiques, sons, lumières, objets manufacturés et matériaux récupérés, le tout dans une esthétique de bricolage steampunk.

L’artiste nous plonge dans un univers à la touche post-apocalyptique mais dans lequel la cohabitation et la complémentarité des composants ouvrent des perspectives heureuses. La fragilité et l’équilibre précaire y sont les facteurs essentiels d’une vie en constante mutation, soutenue par des prothèses à la fois archaïques et technologiques, tels des exo-squelettes temporaires.

Naomi Maury ne met pas en scène un univers stérile, mais des réseaux complexes de prise en soin et des écosystèmes circulaires qui déjouent les dialectiques habituelles entre nature et culture, humain et machine. Ses installations convoquent la figure du cyborg, hybride de machine et d’organisme vivant, qui permet de dépasser les frontières rigides entre vivants et non-vivants, et milite pour une coexistence multi-espèces coopérative et non-discriminatoire. »

Isabelle Henrion, 2021 (extrait)
Artistes en résidence

Texte intégral : 
Feuille de salle

« Qu’est-ce qu’un refuge ? Pour ceux qui en sont privés, le refuge est le souverain bien. Ceux pour qui le rapport à autrui et à soi est détruit – l’exilé, l’exclu, l’esclave, le prolétaire, le malheureux – en ont besoin (l’artiste, naturellement, en rêve). Le refuge renvoie à un imaginaire, celui de l’unité primordiale brisée dans le jardin d’Eden. Or, d’après la kabbale, la faute de l’Homme n’est pas tant d’avoir voulu acquérir la connaissance que d’avoir détaché le fruit de l’arbre, pour assouvir son désir immédiat : l’impatience aurait donc engendré la catastrophe.
Le problème auquel nous sommes invités à réfléchir pourrait être le suivant : comment accéder au refuge ? À la symbolique puissante du mythe, Naomi Maury répond par l’expression immanente, horizontale et concrète de la patience. La quête de l’unité prend corps dans des systèmes fragiles, altérés, bringuebalants. Reconstruire, retisser, soigner, réparer : le chemin pour accéder au souverain bien exige une esthétique de la fragilité. Cette esthétique semble la condition nécessaire pour accéder à l’Autre dans toutes ses dimensions – comme l’a dit Deleuze, être malade c’est être aux aguets, c’est déjà procéder de l’animal.
Le geste de symbiose est donc une épreuve de patience : il nous faut – contrairement à Adam – être patient, dans le sens médical du terme (patient, du grec pathos, « la souffrance »), nous accepter patients. La prothèse, qui nous soigne et nous contraint à la fois, est ce tremplin privilégié vers la synthèse, la synesthésie, la conscience accrue des possibilités de rapports.
Alors chassé de l’Eden, l’Homme fut condamné à la mort et (surtout) au labeur : certains interprètes juifs de la Bible en déduisirent que l’unique « travail » de l’Homme avant la Chute était de soigner, d’avoir le souci envers l’autre. Ce travail de l’ombre, mis en forme dans l’exposition de Naomi Maury, est ce qui répare la lumière. »

Frédéric Montfort, 2021
L’Assaut de la menuiserie

naomimaury.com
instagram.com/naomimaury
En partenariat avec
Artistes en résidence (Clermont-Ferrand)
Réalisé avec le soutien de
Nýló - The Living Art Museum
SÍM Residency
Ambassade de France en Islande
Alliance Française Reykjavìk